Histoire du jardin anglais
L’histoire raconte que Fontainebleau dériverait du nom d’un chien, Bleau, que le roi Saint Louis appréciait beaucoup. L’animal aurait découvert une source lors d’une chasse à courre. L’ancienne forêt de Brière prit alors le nom de la “Fontaine de Bleau” : Fontainebleau.
Prés de deux cents ans plus tard, dans ce secteur du domaine, François I° a fait planter des pins maritimes, arbre “exotique” à l’époque (XVI° siècle). Il y avait fait élever un « jardin des Pins ». Ce jardin est connu par les planches de Du Cerceau comme le « jardin du Clos de l’Étang ». Le roi l’embellit alors de deux fabriques : le pavillon de Pomone (pavillon de repos construit en 1530 à l’angle nord-ouest, orné de deux fresques de l’histoire de Vertumne et Pomone par le Rosso et le Primatice, qui fut détruit en 1566) et l’actuelle grotte du jardin des Pins. Même après la disparition de ces arbres, le nom lui est resté, et Henri IV y plante le premier platane, essence rare à l’époque.
Le jardin anglais a pris sa forme actuelle sous Napoléon Ier. Il est traversé par une rivière pittoresque et artificielle qui part de la fontaine « originelle » et il est agrémenté de plusieurs sculptures. Il correspond à la mode du temps et succède à une série de jardins créés depuis le règne de François Ier. Planté d’essences rares provenant d’Asie, d’Amérique du nord et d’Europe il a été réalisé entre 1810 et 1812 par Maximilien-Joseph Hurtault. Il est constitué de bosquets et d’arbres isolés. On peut ainsi admirer des épicéas, des cyprès chauves, des tulipiers de Virginie ou des sophoras du Japon et bien d’autres essences.
Aujourd’hui et du 14 mai au 17 septembre 2023, 18 artistes actuels investissent le jardin anglais dans une intention ludique son propre parcours dans une exposition intitulée “Grandeur Nature“.
Intelligences artificielles, « image » et expérimentation
Durant ces dernières années les Intelligences Artificielles (elles ont toujours été plurielles…) étaient au service des entreprises et grands groupes économiques pour analyser nos comportements ou pour maximiser leur productivité. La nouveauté de 2023 est de nous proposer à chacun, l’accès à la frontalité d’une interaction directe avec une IA en accédant à sa ligne de commande pour produire un résultat particulièrement rapide. Ce type d’IA est « génératif » tant sur du texte que de l’image ou la création d’image à partir de descriptifs textuels relativement courts. Certains propos notamment commerciaux tendent à assimiler les résultats obtenus à de la création artistique. Bien entendu il s’agit d’un amalgame, même si l’apprentissage profond (Deep Learning), attribut de ces IA, apporte une dynamique d’autonomie à partir d’un système auto évolutif. Au-delà du romanesque fantasmé de toutes considérations d’une IA « artiste », nous devons d’abord la considérer comme outil d’une complexité étonnante notamment dans ce temps de première découverte publique. Pour développer un questionnement ou tout début de réflexion sur la nature de l’art et du numérique, nous vous proposons de découvrir Miguel Chevalier et ses œuvres Ultra-Nature et Sur-Nature qui développe des installations génératives et interactives en questionnant nature, virtualité et artifice. Dans Herbarius 2059 l’artiste reprend la forme de l’herbier pour s’inspirer de modèles crée par l’INRA (Institut national de recherche agronomique) en utilisant des algorithmes hérités de la biologie qui lui permettent de créer des univers de vie artificielle, des effets de croissance, de prolifération ou de disparition (effacement numérique et non « mort » qui, lui, se rapporte à du vivant).
Avec notre classe à projet de seconde 7 et dans le cours de sciences numérique et technologique (SNT) associé à la pratique des arts plastiques, j’ai d’abord présenté dans cette actualité sur les IA, DALL-E 2 d’OpenAI, pour certain de ses enjeux, l’utilisation de son interface pour ensuite la mettre en pratique par les élèves dans une production autour du thème du jardin anglais et de l’exposition temporaire « Grandeur Nature » qui propose « un voyage ludique à la découverte d’oeuvres un brin surréalistes ». L’un des points de vigilance à surveiller est l’instruction de rendu « à la manière de tel ou tel peintre ». Les programmes des arts plastiques qui sont en grande partie ancrés dans la matérialité des oeuvres et des créations s’appuient sur les expériences sensibles des oeuvres : une peinture de Vincent Van Gogh possède une couleur, une épaisseur de la touche du peintre que ne peut rendre une série de pixel sur un écran même par simulation. Modalité de l’expérimentation : écriture de texte court sur le thème du jardin anglais, et de l’exposition avec tests pour diversifier les rendus. Les « images » engendrées ont pour certaines été retouchées sur la saturation des couleurs et par une augmentation du contraste. La résolution obtenue est assez faible (type image web). Le carnet de bord de l’élève permet de suivre les évolutions de ses recherches. Il peut y intégrer des variations type « image IA » pour s’inspirer. La relation avec le texte est alors à mettre en lumière. Ce qui serait également une solution aux tentatives de fraudes.
Chaque élève a dû écrire quelques lignes pour témoigner de leurs expérimentations. Un extrait de ces témoignages vous est présenté :
« Les images générées sont bien réalisées avec une sélection de 4 images assez diversifiées tout en respectant la requête choisie » Layane; « je suis surprise de l’image rendue par DALL-E car on reconnait bien le rendu par rapport au texte et c’est aussi une source d’inspiration » Marie ; « les images sont originales et ont des éléments à la fois qu’on semble reconnaître et d’autres qui sont inattendus » Grace ; « les images sont simples et précises mais très inspirantes… » Sofia ; « les images sont très colorées et fleuries, ce qui me plait. L’IA est une avancée pour la vie quotidienne mais également pour le milieu artistique et la recherche d’inspiration » Anélia
Ce qui ressort de ces appréciations sont d’abord les mots « surprise », « inspiration » et « reconnaître ». J’ajoute « variation/série »,« étonnement » et « expérimentation/exploration ». Le terme « image » me semble être le qualificatif le plus approprié.
Jacques Péré
Professeur d’arts plastiques et de SNT, lycée international François 1er
Interlocuteur académique arts plastiques et numérique et formateur du 1er septembre 2000 au 31 août 2022